16h, nous sortons de cours. Emilie et Charlie me pressent
pour perdre le moins de temps possible sur le trajet. A peine arrivée chez
elles, elles me font un récapitulatif.
- - Alors, on
a 2 heures pour te préparer. A 18h15, tu es devant la porte, prête à partir.
Compris ? Lança Emilie
- - Aller GO
GO GO, on se bouge ! S’exclama
Charlie
Je n’ai même pas eu le temps de caser un mot que j’étais
déjà transportée dans la chambre sur ma chaise à roulettes dans un élan
d’enthousiasme. Je les voyais s’activer à moitié dans les placards et la tête
dans les tiroirs. Elles se montraient des tas de tenues et je n’avais pas mon
mot à dire. J’enfilais ce qu’elles me donnaient pour qu’elles puissent
enchaîner avec le maquillage et les cheveux. Je sentais des sprays de partout, les pinceaux me faisaient des
guilis. Je voulais rire de la situation mais au moindre mouvement, c’était la
mort. Quand elles finirent par m’accorder le droit de me lever de ma chaise, je
n’osais pas me regarder dans le miroir. Mes cheveux étaient négligemment
tressés sur le côté, je portais de l’eye-liner noir et un mascara qui me
faisait des cils parfaits. Je portais un short troué, un t-shirt noir, une
chemise trop grande à carreaux dans les tons rouges et des converses portées
depuis bien trop longtemps. A ça elles ajoutaient quelques pshit de parfum et me
mirent presque à la porte.
J’arrivais au café indiqué par Nathan et le voyais, assis à
une table, qui me faisait des signes pour que je vienne. Je m’asseyais en face
de lui et lui demandais où était le concert car je ne voyais aucune salle
potentielle aux alentours.
- - Ne t’en
fais pas, c’est pas très loin et les portes n’ouvrent que dans 1h30. Tu veux un
truc ?
- - Ah
d’accord… Je vais prendre un sprite s’il te plait.
J’étais troublée, est ce qu’il avait fait exprès de me faire
venir en avance pour qu’on prenne un café ? Il faut croire que oui… Wow,
ça va vite pour moi, je suis pas habituée à ça. Pas du tout.
- - Ah voilà,
nos boissons. On a un peu de temps, on va pouvoir parler un peu. Annonça-t-il, le sourire aux lèvres
- - Oui, si
tu veux. Je peux te poser une question ?
- - Vas-y
mais à une condition. Je veux te poser une question en échange.
- - D’accord,
on fait ça. Est-ce que ta famille te manque ?
- - Bof, pas
vraiment. En fait, j’ai eu pas mal de problèmes avec les membres de ma famille. En particulier à
cause du choix de mes études et de mon avenir. Ils ont toujours espéré que je
serai médecin ou avocat mais je n’en ai jamais eu envie. La pression qu’ils me
mettaient et les tensions étaient tellement présentes et ridicules que j’ai
préféré venir dans le sud et vivre seul, pour être tranquille et prendre ma vie
en main…
- - Oh… Et tu
ne te sens jamais seul dans ton appart ?
- - Pas plus
que ça… Bien sur, j’aimerai ne pas être si seul mais je ne savais pas avec qui
emménager et l’idée de prendre une colocation avec un inconnu ne m’attirait pas
du tout alors je me dis que de toutes façons, c’est moi qui est choisi cette
vie. Il fit une petite pause, eh mais
ça fait deux questions ! Donc moi aussi, j’ai droit à deux questions
mademoiselle.
- - On va
dire que oui. Dis-je, le sourire revenant
sur mon visage
- - Tu
n’aimerais pas vivre seule parfois, ou juste partir de chez toi ? Me demanda-t-il en souriant
- - Si. J’aimerai
vraiment. Je n’ai simplement pas les moyens, tu te doute bien que je ne serai
plus chez moi sinon…
- - Mmh… Ma réponse semblait lui faire plaisir,
il faut qu’on y aille si on veut être devant !
Il paya rapidement et m’emmena vers un petit parking. Je ne
comprenais pas jusqu’au moment où je le vis accélérer le pas pour rejoindre une
moto et sortir un casque de son sac à dos pour me le tendre. Je fonds. Il a une
moto. Décidemment, il a tout pour déplaire à mon père et tout pour m’avoir à
ses pieds… J’évitais de laisser paraître ce sentiment mais je ne suis pas sûre
d’avoir réussi puisqu’il ri avant de me demander si j’aimais les motos. Je ne
pu m’empêcher de rougir et de lâcher un « Ouiii » qui le fit rire de
plus belle. Je montais sur la moto et dès le démarrage, je m’accrochais à lui.
Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que je me rendis compte que je le
serrais presque dans mes bras, ces derniers enroulés autour de sa taille et ma
tête enfouie dans sa nuque. Nous arrivons au concert, rentrons dans salle et
nous faufilons entre les groupes de personnes pour arriver tout devant. La
musique était super, nous dansions tous les deux dans le peu de place que nous
avions. Les gens nous regardaient comme si on était fous mais nous nous
rigolions bien. A la fin du concert, nous avons décidé de rester pour parler
aux amis de Nathan, ils nous ont emmenés dans les coulisses et dans leurs loges
où nous finissions la soirée à rire et boire, des bières au début mais pas
que. Je me rappelle avoir entendu un ami
de Nathan raconter une blague à laquelle j’ai beaucoup ri puis plus rien. Un
trou. Je ne me rappelle plus de la suite.
11h45, je me réveille. Je suis confortablement installée
dans un lit double. Je regarde autour de moi, je ne connais pas cette chambre.
Je panique un peu, je ne me rappelle pas de la veille et ai légèrement mal à la
tête, je vois un petit mot signé Nathan sur la table de chevet, disant qu’il
est parti faire une course. Je décide alors de me lever pour m’habiller et me
faire belle pour son retour puis je me balade dans l’appart. Il est vraiment
chouette cet appart, j’aimerai bien en avoir un comme celui-là un jour mais les
moyens me manquent… La porte d’entrée s’ouvre et je vois Nathan, un sachet en
papier dans les mains. Il se dirige vers la cuisine et me dit d’attendre dans
le canapé du salon, je m’exécute.
- - C’est bon
tu peux venir ! Me dit-il
Je vis sur la petite table de la cuisine un plateau avec
dessus un croissant encore chaud de la boulangerie et un café. Ce n’était
presque rien mais à mes yeux, ca représentait beaucoup de sa part. Je peux donc
ajouter à la liste de ses atouts qu’il est attentionné. Je ne suis pas sure de
pouvoir fondre encore plus…
- - Oh merci,
c’est adorable... Dis-je avec un grand
sourire
- - C’est
rien, tu dormais tellement bien quand je me suis réveillé que je me suis dit
que j’avais le temps et que ça te ferait plaisir après une telle soirée. Il
semblait fier de son idée
- - Dis, ne
te moque pas de moi mais justement, hier soir… Il s’est passé quoi ? Le questionnai-je
- - Tu ne te
rappelle plus ? Demanda-t-il l’air
déçu
- - Plus de
rien… Répondis-je gênée
- - Tu… il ne
s’est rien passé, tu étais un peu éméchée et je me voyais mal te rendre dans
cet état à tes parents. Je t’ai donc ramenée ici et je t’ai laissé mon lit,
j’ai dormi dans le canapé. Et j’ai envoyé un message à tes parents de ton
portable pour les prévenir que tu ne rentrerais pas dormir chez toi.
- - Oh merde,
je suis désolée, j’ai du t’embêter… T’aurais pu me mettre sur le canapé et
garder ton lit tu sais ? Ou même appeler Emilie et Charlie, elles se
seraient occupées de moi et tu aurais été tranquille. Vraiment, merci Nathan,
t’es un amour.
- - Oui, un
amour. Répéta-t-il avec nonchalance
Je ne cherchais pas plus loin mais notai qu’il avait évité
mon regard dès le moment où il dut m’expliquer la soirée d’hier soir. Et ce
« Tu… il ne s’est rien passé », c’était quoi hein ? Je
demanderai leur avis à Emilie et Charlie tout à l’heure mais je suis presque
sure qu’il ne m’a pas tout raconté…
Je décide de rentrer passer le reste de la journée avec ma
famille. Mes parents sortaient déçus de leur interrogatoire habituel n’ayant
pas pu tirer une quelconque information de ma bouche. Moi, je fonçais dans ma
chambre pour prévoir de retrouver les filles le lendemain pour parler de cette
histoire… Le rendez-vous était fixé, 15h au parc en face de leur appart.
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