Lundi, Nathan n’est pas en avance. Je vais lire
en attendant. J’ouvre mon livre et au bout de quelques pages, je m’arrête. Je
repensais à la soirée que nous avions passée ensemble il n’y a que deux jours…
Il ne m’avait pas parlé hier et je n’osais pas lui envoyer de message, de peur
de l’embêter ou de le déranger… Ce n’est pas son habitude de faire le mort. Et
quand bien même ça le serait, il n’aurait pas fait le mort après ce qu’il
s’était passé ! Même le dernier des idiots ne l’aurait pas fait ! Je
m’emballe peut-être, il devait avoir passé la journée dehors ou à bosser,
quelque chose comme ça… Je rebaisse la tête sur mon livre, je n’ai lu que 3
pages en 20 minutes, Nathan occupait toute la place dans ma tête. Ca ne
m’est jamais arrivé, jamais un garçon ne m’avait tant plu… C’est dingue, j’ai
l’impression de dépendre de lui. J’adore cette sensation et en même temps je la
déteste, je n’avais jamais été une fille « comme ça ». Pas le genre
de filles qui s’attachent trop vite, qui n’ont plus d’yeux que pour un garçon,
qui se laisserait mener en bateau sans même y faire attention. Nathan est un
mec bien, je sais au moins qu’il ne me fera pas de mal et qu’il ne jouera pas
de ça. Je me lève, c’est l’heure de rentrer en cours.
Je suis dans la salle, assise seule à une table. Je lui
garde une place à côté de moi. Je dessine sur des petits bouts de papier en
attendant, je joue avec mes stylos, mais je suis incapable de me concentrer sur
le cours. Ce n’est pas normal, Nathan est rarement malade et encore plus
rarement en retard… Ca m’inquiète. Il arrive finalement, il a 25 minutes de
retard. Je lui fais un signe de la main auquel il répond brièvement puis il se
dirige vers le prof qui le sermonne pendant quelques courtes minutes. Je pousse
mon sac de la deuxième chaise pour qu’il puisse s’y assoir mais je le vois partir
dans la direction inverse pour s’assoir seul. Je ne comprends pas. La façon
dont il m’avait ignorée la veille n’avait peut-être rien d’anodin… J’ai
attendu tout le cours, qu’il se retourne vers moi pour pouvoir lui demander ce
qu’il se passait, en vain. Il ne se retourna à aucun moment, préférant
gribouiller sur son cahier. A l’heure de la pause, j’ai voulu lui parler mais
je n’ai pas pu, il s’est en allé trop vite, je n’ai pas pu le suivre. J’ai donc
décidé de retrouver Emilie et Charlie pour passer mes 30 minutes avec elles et
pour essayer de trouver des explications. Elles ne savaient quoi me dire, la
situation était vraiment étrange. Je ne comprenais rien à rien, deux jours plus
tôt, il me parlait de projet d’avenir avec moi et maintenant, il m’évitait. Je
décidais de provoquer le dialogue en m’asseyant à côté de lui à la cantine. Il
a englouti son repas en quelques minutes et notre discussion n’a pas dépassé le
stade du « Salut ça va ? Oui et toi ? Oui. Ok. », lui étant
déterminé à ne pas me parler et moi n’ayant pas envie de passer pour une conne.
C’est ça en fait, il me prend pour une conne. Il joue avec mes sentiments. Moi
qui croyais qu’il en avait… Non c’est pas possible, Nathan n’est pas comme ça.
Nathan ne me ferait pas ça. Pas lui. Pas à moi. Pas après ce qu’il a fait et
dit.
Il a passé le reste de la journée seul et n’est pas venu me
voir une seule fois. Seul quelques regards furtifs m’étaient accordés. Je
décidais de passer au-dessus, pensant qu’il avait mal dormi ou qu’il était de
mauvaise humeur…
Je démarrais la journée du lendemain la tête remplie de
questions. Son comportement me troublait réellement… Vous savez quoi ? Il
m’a fait le même coup. Il ne m’a pas parlé de la journée. J’ai passé la journée
avec les filles pour penser à autre chose mais non, impossible. C’était trop dur.
Il n’avait pas l’air énervé contre moi, et puis je ne voyais pas pourquoi il le
serait. C’est à n’y rien comprendre.
Il m’a refait le même coup, le lendemain et le jour d’après
encore et il a continué comme ça jusqu’à la fin de la semaine. Il ne m’avait
pas appelée ni envoyé de message de tout le weekend. Je n’en pouvais plus. J’ai
passé ces deux longues journées à essayer de penser à autre chose, j’ai essayé
de m’occuper mais je n’ai pas réussi. J’ai voulu dessiner mais quand j’ai
cherché des idées sur mes sites préférés, je n’ai fait que tomber sur des
photos de couples. Emilie m’a proposé qu’on se voit mais j’ai refusé, des « raisons
de familles » j’ai précisé. C’était totalement faux, j’allais simplement
craquer. J’ai craqué. J’ai déchiré mes feuilles, casser 3 de mes crayons et
déchiqueté les quelques fleurs que j’avais gardé du jardin dans lequel nous
avions passé la soirée. J’ai fini par m’allonger dans mon lit, j’ai crié dans
mon coussin puis je me suis endormie. Il était 19h, je n’avais pas mangé,
j’étais toute habillée, je n’avais pas bossé. La journée du lendemain
s’annonçait mal. Je me suis réveillée en plein milieu de la nuit car
j’angoissais du lendemain, je ne savais pas comment j’allais réagir s’il ne me
parlait toujours pas. Je risquais de mal le vivre, ça j’en étais sure. J’ai
réveillé Emilie en pleins milieu de la nuit pour lui en parler pendant 2
heures, je n’avais plus envie de dormir ni de manger. J’étais vraiment mal. Quelques
heures plus tard, je devais me préparer. Je n’avais aucune envie de faire un
quelconque effort. Je me suis donc contentée d’enfiler un legging, un gros pull
et des baskets. Avec ça, j’ai tout juste mis du déo et du mascara et j’étais
partie. Sans manger, je n’avais pas faim et sans me doucher, j’avais pris un
bain au beau milieu de la nuit. J’arrivais en cours en retard, fatiguée, des
cernes sous les yeux, muette. Je le voyais assis seul et préférais me mettre au
fond de la classe. Plus tard, je le croisais dans un couloir,
nous étions seuls. Je lui ai dit bonjour, il ne m’a pas répondu. J’ai craqué,
une nouvelle fois.
- - On dit
bonjour quand on est poli. Dis-je
sèchement
- - Je dis
bonjour si j’en ai envie.
Je savais que je n’aurai pas du, s’il y a bien une chose
qu’il n’aimait pas, c’est qu’on lui donne des ordres. Mais tant pis, au point
où j’en étais, j’étais heureuse d'avoir au moins obtenu une réponse.
- - Comment
ça si t’en as envie ? Donc tu n’en as pas envie ? Tu veux dire, comme
la semaine dernière ? Je commençais
à hausser le ton
- - Tu sais
très bien que je n’aime pas qu’on me donne des ordres et je parle à qui je
veux, quand je le veux. Il restait calme et
ça avait le don de m’énerver encore plus
- - Et tu ne
fais jamais d’exception ? Pas même pour la fille que tu as embrassée et
avec qui tu as passé la nuit il n’y a qu’une semaine ?!
- - D’accord.
Bonjour alors. Me dit-il sans plus
d’enthousiasme
- - Mais tu
te rends compte ou pas ? Tu te rends compte de ce que tu me fais ?
T’as pas le droit de m’embrasser et de ne plus me parler après, t’as pas le
droit de jouer avec moi comme ça !
-
… Il restait
là, immobile sans qu’un mot ne s’échappe de sa bouche
- - Et tu
n’as rien à dire ? Non tu as raison, tu en as déjà bien assez dit comme
ça. Tu sais, le soir où tu as dormi chez moi ? Le soir où tu m’as fait les
promesses que j’ai toujours rêvé d’entendre. Toutes tes belles paroles, c’était des paroles en l’air en fait ? Tu n’en pensais pas un traitre mot !
Tu t’en foutais de moi, depuis le début. Tu m’as vue perdue, tu t’es dit que je
serai une fille facile, je m’accrocherai vite et que tu pourrais me mener en
bateau facilement ? Je parlais
maintenant fort, la voix remplie de colère
- - Je…
- - Mais
putain t’as rien à dire ?! Tu vois pas que tu me fais mal ?! C’est à
cause de toi que je suis dans cet état ! C’est à cause de toi que je dors
plus ! C’est à cause de toi que je mange plus ! J’en ai marre Nathan.
J’en ai marre… Je criais, les larmes aux
yeux
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